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bonjour fouzia,
exc use-moi pour le délai de ma réponse, j'avais perdu le code pour entrer dans mon blog. (
Par tricycle, le 13.04.2015
bonjour christian,
je veux déjà te dire que je suis impressionnée par ton ... blog? site? as-tu déjà propo
Par Mireille Binet, le 01.03.2015
bonjour à chacun de vous,
merci pour le partage.
ou trouve t'on ces articles svp?
Par Fouzia, le 14.10.2014
bonsoir christian
je profite d'une nuit sans trop de sommeil pour donner une première impulsion à une possibl
Par Anonyme, le 18.05.2014
dommage que la mise à jour ne soit pas récente, pour faire un commentaire
Par tanays, le 19.01.2014
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Date de création : 06.02.2010
Dernière mise à jour :
23.03.2017
58 articles
Publié par Christian Loehlé (voir site professionnel)
Du modèle fonctionnel des Etats du Moi
à un modèle des fonctions du Moi.
Je publie ici un article qui a pour objectif de proposer la révision du modèle fonctionnel des Etats du Moi. Ma proposition est de le remplacer par une modélisation qui remplace l’idée d’ « attitudes fonctionnelles » par le concept de fonctions, d’une part, et qui passe d’une grille de lecture en termes d’Etats du Moi à une réflexion sur le Moi, d’autre part. Autrement dit, mon article propose un changement de perspective, quittant un « modèle fonctionnel des Etats du Moi » pour adopter un modèle des fonctions du Moi.
Pour respecter les critères de publication du blog, mais aussi pour le suspens (et pourquoi pas ?), cet article est présenté en trois chapitres publiés séparément. Vous aimez les feuilletons, j’espère !
Le premier chapitre, que je publie ci-dessous, présente les raisons qui me motivent à remettre en question l’usage de l’actuel modèle fonctionnel des Etats du Moi.
* * *
Chapitre I. Les faiblesses du « modèle fonctionnel des Etats du Moi »
La théorie du modèle fonctionnel des Etats du Moi souffre de plusieurs faiblesses. Certaines de ces faiblesses me sont apparues au cours de ma réflexion, et de ma tentative pour comprendre les liens entre les modèles structural et fonctionnel des Etats du Moi. Des questions, en effet, restaient sans réponse définitive et cohérente : Les Etats du Moi du modèle structural et ceux du modèle fonctionnel renvoient-ils à une seule et même réalité ? Peut-on établir une correspondance entre expressions fonctionnelles et structures dont elles émanent ? La correspondance est-elle stricte, ou au contraire complexe et nuancée ?
En lisant à ce sujet, j’ai découvert qu’un certain nombre d’auteurs avaient repéré et souligné les mêmes interrogations que moi. Vous trouverez donc en fin de mon article une bibliographie d’articles des AAT qui dessine les principaux contours de la réflexion que j’amène.
Je ne vais pas tenter de faire le tour de la réflexion présente à ce jour dans la littérature. Mais pour « planter le décor » de ma réflexion, je vais commencer mon exposé en évoquant en quelques points les faiblesses qui m’ont le plus gêné dans ma pensée sur le modèle fonctionnel, tout en structurant cette évocation de manière à dessiner la trame de ma propre réflexion ultérieure.
Cette évocation, qui constitue le message de ce premier des trois chapitres de mon articles, vous montrera ce qu’a amené au besoin de réviser le modèle fonctionnel actuel.
1. L’absence du modèle fonctionnel chez Berne
En parcourant l’œuvre de Berne, on sera peut-être surpris de voir que le modèle fonctionnel, pourtant si répandu dans le corpus théorique actuel, est quasiment absent de ses écrits. Cela vient sans doute en partie du fait que Berne n’a lui-même pas vraiment conceptualisé clairement le concept qui lui correspond, à savoir un concept d’ « Etat du Moi fonctionnel » à proprement parler.
Au lieu de cela, il semble plutôt avoir « glissé », dérivé, vraisemblablement sans en avoir toujours conscience, d’une vision fonctionnelle d’étatssuccessifs du Moi à une vision structurale d’organes appelés – eux aussi – « Etats » du Moi. Ce que je veux dire par là sera sans doute plus clair au lecteur qui voudra bien relire la première partie du livre de José Grégoire intitulé Les Etats du Moi : trois systèmes en interaction. En quelques mots, l’idée est que Berne a d’abord considéré le Moi comme une entité unique mais morphologiquement changeante, prenant donc plusieurs aspects successivement et en alternance. Puis, à force de repérer les trois mêmes types de visages pris successivement par le Moi chez tous ses patients, il en est venu à postuler que ces variations d’aspect trahissaient l’expression de trois organes distincts, trois structures.
(On peut s’imaginer la démarche de Berne en imaginant un enfant découvrir un feu de circulation : D’abord, il voit un « truc-machin-chose » dont la couleur varie au cours du temps. Puis, il repère qu’il y a en fait trois couleurs en tout et pour tout qui se succèdes. Il y voit alors un « feu-qui-prend-trois-aspects ». Puis, allant y regarder de plus près, il constate que le feu change d’apparence parce qu’il comprend trois ampoules, chacune existant en permanence, mais dont l’activité est intermittente et alterne avec celle des deux autres.)
Dans cette exploration de Berne, ce que nous appelons actuellement les Etats du Moi fonctionnels ne sont pas un concept, mais simplement des qualifications du Moi, résultant d’une première observation, intermédiaire, dans la construction du modèle structural des Etats du Moi. Par la suite, Berne ré-évoquera les aspects descriptifs (que nous considérons relever du modèle fonctionnel) dans l’unique but d’aider au repérage – i.e.au diagnostic – des structures du Moi.
Ainsi, dans Analyse transactionnelle et psychothérapie, écrit en 1961, il n’est jamais fait état d’un modèle fonctionnel. Il est vrai que Berne présente une grille diagnostique de l’Etat du Moi structural en œuvre, en définissant comme indices diagnostiques des éléments fonctionnels (comportemental et social), parmi d’autres éléments. Mais ces éléments fonctionnels ne sont qu’une facette du modèle structural dont le diagnostic requière l’observation du client.
De même, dans les propos de Berne sur ses clients, Il mélange dans un même discours les considérations structurales et les considérations sur les manifestations visibles des Etats du Moi et sur leur fonctionnement dans la relation. Ces considérations ne sont pourtant jamais clairement distinguées, et n’amènent pas Berne à poser un modèle fonctionnel. Le discours et le regard de Berne porte plutôt sur comment le Moi fonctionne selon différentes modalités, et cette étude vient toujours nourrir en dernier lieu la conceptualisation du concept de structuredu Moi.
Dans Des jeux et des hommes (1964), Berne ne pose toujours pas de distinction entre modèle structural et modèle fonctionnel. D’ailleurs, il utilise un schéma unique, le schéma structural du premier ordre, pour dessiner et analyser les transactions (alors que cet usage sera ultérieurement considéré comme incorrect quand l’AT aura distingué les modèles structural et fonctionnel).
Enfin, dans Que dites-vous après avoir dit « Bonjour » ? (publié en 1972), Berne dessine ce qui sera ultérieurement (et après sa mort) érigé en modèle fonctionnel. Pourtant, en y regardant attentivement, on voit que Berne oppose (je cite) un « modèle structural de la personnalité » à un « schéma descriptif de la personnalité ». La nuance des termes « schéma » versus « modèle » ne me parait pas anodine. Il m’amène à penser que Berne ne considérait pas les considérations fonctionnelles comme relevant d’un nouveau modèle, et qu’il voulait les introduire comme un outil de pensée sur les structures, plutôt que comme un nouveau concept. C’est pourtant ce « schéma descriptif de la personnalité » qui sera repris, tel quel, pour proclamer qu’un concept nouveau est né, baptisé « modèle fonctionnel des Etats du Moi ».
En conclusion, on voit que l’embryon d’un modèle fonctionnel n’apparaît qu’à la fin de l’œuvre de Berne, et sous la forme d’une évocation allégorique – un schéma – plutôt qu’un modèle. On ne trouve d’ailleurs pas chez Berne, à ma connaissance du moins, une définition de ce que serait un « Etat du Moi fonctionnel ». En toute logique, on ne trouve donc pas non plus d’exposé sur le lien entre structure du Moi investie d’énergie et Etat du Moi fonctionnel. Enfin, certains auteurs – dont Erskine – prétendent que des termes qu’on a pris pour concepts fonctionnels, tels l’Enfant adapté, désignaient en réalité pour Berne la structure Moïque Enfant correspondant, historiquement à un Moi qui s’est fixé à un moment où l’enfant était dans une adaptation à l’un de ses parents. Erskine est donc l’un de ceux qui pensent que les termes pris pour des définitions d’Etats du Moi fonctionnels n’étaient en fait sous la plume de Berne que des descriptions des structures du Moi, et non des concepts d’un nouvel ordre.
2. Des liens flous entre Etats du Moi structuraux et Etats du Moi fonctionnels
Quoi qu’il en soit, le modèle fonctionnel s’est fait sa place dans la théorie AT. Le challenge peut-être le plus ardu a alors été celui d’établir une relation cohérente entre modèle fonctionnel et modèle structural. Ce challenge ne me paraît d’ailleurs pas avoir été résolu à ce jour, tant les avis divergent. Grosso modo, on peut dire que deux courants se sont dessinés : Les uns considèrent que les Etats du Moi fonctionnels et structuraux correspondent, alors que les autres les voient comme partiellement ou entièrement indépendants.
2.a) L’hypothèse de correspondance stricte entre structural et fonctionnel
En 1961, en parlant du diagnostic de l’Etat du Moi – structural – branché, Berne estime que les manifestations de type Enfant, Adulte ou Parent sont les indices du fonctionnement de leur structure correspondante. Il sous-entend donc une position qui dit que ce que nous nommerons plus tard « manifestation fonctionnelle » d’un Etat du Moi émane forcément de la structure du premier ordre du même nom. Dans cette conception, chaque Etat du Moi fonctionnel n’est que la facette comportementale, la manifestation visible de la structure du Moi du même nom (autrement dit les Parents Normatif et Nourricier sont des expression du P2, l’Adulte fonctionnel l’expression du A2, et les Enfants Spontané et Adaptés l’expression du E2).
Ainsi, beaucoup d’analystes transactionnels utiliseront ce passage de l’ouvrage de 1961 pour estimer qu’une manifestation fonctionnelle de type « Etat du Moi X » chez le client est un indice pour diagnostiquer que la structure investie est l’ « Etat du Moi X ». C’est une application à la lettre du diagnostic comportemental des Etats du Moi.
Dans la même logique, et selon le diagnostic social, ces analystes transactionnels utiliseront l’indice d’une tentation chez le thérapeute d’adopter un comportement relevant de l’ « Etat du Moi fonctionnel Y » pour inférer que le client a bien investi sa structure du Moi X (où X est complémentaire à Y). Par exemple, la logique du diagnostic social, tel que proposé par Berne, tend à faire conclure que quand le thérapeute branche sa structure Parent, il y a des chances que ce soit en réaction à un investissement de la structure Enfant (E2) de la part de son client.
Cette application repose sur l’hypothèse que, par « indices comportementaux et sociaux », Berne voulait parler de ce qu’on nommera ensuite Etat du Moi fonctionnel du client et Etat du Moi fonctionnel sollicité chez le thérapeute. Comme on le verra, cette hypothèse de lecture de Berne sera remise en cause par certains. Il n’empêche que cette hypothèse a eu de nombreux adeptes et est encore utilisée par beaucoup d’analystes transactionnels à ce jour. Et cette hypothèse permet d’utiliser le texte de Berne sur le diagnostic des Etats du Moi pour postuler la correspondance stricte des aspects structuraux et fonctionnels des Etats du Moi.
Dans son livre posthume (Que Dites-Vous Après Avoir Dit Bonjour), Berne tient des propos qui vont dans le même sens d’une correspondance stricte entre structural et fonctionnel. Plus basiquement encore, dans sa manière de dessiner les Etats du Moi dans leurs aspects structuraux et fonctionnels, il fait implicitementcorrespondre chaque Etat du Moi fonctionnel à la structure du même nom, du simple fait de dessiner deux schémas côté à côte, de forme identique, et où les Etats du Moi Parent, Adulte et Enfant sont placés à l’identique dans les schémas structural et fonctionnel. Une telle schématisation induit l’idée d’une seule et même réalité psychique, dont les aspects structuraux et fonctionnels ne seraient que deux descriptions différentes.
Ainsi, Berne semble concevoir une relation de correspondance stricte entre structure et manifestations fonctionnelles : toute manifestation fonctionnelle Parent vient de la structure P2, toute manifestation fonctionnelle Adulte vient du A2 et toute manifestation Enfant vient du E2.
A vrai dire, c’est sans doute ce qu’il pensait. Saut qu’il n’avait pas inventé de concept d’Etat du Moi fonctionnel, et il ne se contentait que de décrire les manifestations les plus couranteset les plus plausibles de l’investissement des structures psychiques.
(On peut s’imaginer cette démarche comme similaire à celle d’un professeur qui veut enseigner à ses élèves l’identification de l’état psychique interne du client, état en lui-même non visible directement. Dès lors, les descriptions « fonctionnelles » de Berne ont la même valeur que celles qu’on utilise dans la rue en repérant une silhouette de loin : « Ah, il a un pantalon et des cheveux courts, ce doit être un individu de sexe masculin ».)
2.b) Les contre-hypothèses
Dès les années 70, cette position de correspondance entre structure et manifestation fonctionnelle est mise en doute par les théoriciens de l’analyse transactionnelle.
Ainsi, on envisage qu’une manifestation de type Parent Nourricier peut émaner d’un Etat du Moi Enfant (E2). Souvent, les tenants de cette nouvelle position justifient ce point de vue par une analyse structurale du deuxième ordre, où l’expression spécifique d’une sous-structure du Moi (i.e. du second ordre) explique qu’un fonctionnement manifesté puisse s’écarter de ce qu’on attendrait émaner de la structure globale (i.e.du premier ordre). Par exemple, un comportement (fonctionnel) Parent pourrait émaner du E2, par l’expression prépondérante ou exclusive du P1. Autre exemple typique, une manifestation Enfant pourrait émaner du P2 parce que basée sur le contenu de l’Enfant dans le Parent.
Cette nouvelle position théorique va à l’encontre de l’hypothèse de correspondance, puisqu’elle conçoit qu’un Etat du Moi fonctionnel X peut être la manifestation d’un Etat du Moi structural Y.
2.c) La scission qui s’ensuit
De ces deux considérations naissent deux courants de pensée divergents en AT. Les uns estiment que tout Etat du Moi fonctionnel peut émaner de n’importe quel Etat du Moi structural (du premier ordre). Les autres martèlent qu’un Etat du Moi fonctionnel provient forcément de la structure du même nom.
Vann Joines (1976), qui soutient l’hypothèse de correspondance, va jusqu’à spécifier que l’Etat du Moi fonctionnel émane non seulement de la structure du même nom, mais plus précisément de l’ensemble de la structure du premier ordre (et non d’une sous-structure). Par cette précision, il refuse les postulats de ceux qui pourraient penser qu’une non correspondance apparente pourrait s’expliquer par l’expression spécifique d’une sous-structure (structure de deuxième ordre) donnant à l’expression de l’Etat du Moi structural global (du premier ordre) une teinte qui ne lui est pas caractéristique.
2.d) Discussion
Aujourd’hui encore, le débat n’est pas clos. Et à vrai dire, les deux positions me semblent défendables.
D’un côté, je peux facilement considérer qu’une structure reproduisant un objet introjecté (i.e.le P2) puisse reproduire n’importe quel comportement ou n’importe quelle attitude. La raison est simple : Puisque un papa était un être humain, il était potentiellement capable d’exprimer n’importe quelle position fonctionnelle. Quand l’enfant de ce papa a introjecté son père, il a donc pu l’introjecter avec tous ces patterns comportementaux. Et quand il investit ce Parent sur un mode actif (et non influent), il est donc théoriquement capable d’exprimer toutes les manifestations fonctionnelles qu’il a vu ce père agir, ou en tout cas celles que ce père agissait quand l’introjection a eu lieu.
Toujours en faveur de la non-correspondance, je peux me dire qu’un aspect fixé du Moi (le E2) puisse s’exprimer par n’importe quelle manifestation fonctionnelle. Là aussi, la raison est simple : Berne nous dit que la structure Enfant est l’ensemble du Moi de la personne tel qu’il était au moment de sa fixation quand cette personne était enfant. Or, l’enfant de 10 ans, de 6 ans comme de 2 ans est déjà capable de manifester toutes les attitudes fonctionnelles. Chez l’adulte, ce Moi de l’enfant qu’il a été et qui est encore présent sous forme de fixation, contient donc théoriquement la compétence à manifester tous les modes fonctionnels d’attitudes. Bien sûr, la position normative adoptée par un enfant de 5 ans a une teinte différente de la position normative d’un adulte dont le psychisme est intégré. Aussi, la position normative adoptée par l’adulte depuis sa structure Enfant aura la même différence de maturité par rapport à la position normative adoptée par ce même adulte depuis sa structure Adulte. Il n’empêche qu’on peut concevoir que la structure Enfant a, dans ses modalités propres et encore « immatures », toute la gamme d’expression des aspects fonctionnels.
D’un autre côté, si l’on considère que les manifestations fonctionnelles et les structures sous-jacentes ne correspondent pas, on arrive à certains problèmes :
La conclusion de tout cela, c’est que la théorisation que l’analyse transactionnelle fait du lienentre Etats du Moi structuraux et Etats du Moi fonctionnels paraît floue, fragile et parfois opportuniste. Cet aspect n’a pas échappé à bien des auteurs, qui ont même porté le débat dans les AAT par un échange d’articles sur la pertinence, la cohérence théorique et l’efficacité du modèle fonctionnel (AAT 108 et 109).
3. La terminologie hétéroclite du modèle fonctionnel
Après cet examen à la loupe des correspondances entre fonctionnel et structural, revenons à l’argumentation plus générale sur les faiblesses du modèle fonctionnel.
Le modèle fonctionnel a une autre faiblesse, qui me paraît importante et que je n’ai pas vu discutée dans les AAT. Cette faiblesse réside dans une terminologie hétéroclite, au sein même du modèle fonctionnel, et qui induit une définition floue et éclatée de ce qu’est un Etat du Moi fonctionnel.
Ce n’est pas faute de prétendre à l’évidence ! Car dans presque tous les manuels et livres théoriques d’analyse transactionnelle, on nous présente le concept d’Etat du Moi comme « simple à comprendre ». Alléluia !
Pourtant, les choses se gâtent lorsque nous comparons, dans ces mêmes manuels les discours suivants :
En comparant ces trois aspects (définitions, nomenclature et usage contextuel), on se rend compte de la chose suivante : Le terme « Etat du Moi fonctionnel » signifie alternativement quatre réalités distinctes :
Ces quatre définitions de ce qu’est un Etat du Moi fonctionnel sont différentes ne sont pas toutes explicites. Certaines le sont, et d’autres sont en trame de fond des discours et argumentaires. Elles sont pourtant toutes présentes, à leur manière. Or, il est essentiel de se rendre compte de combien elles sont différentes. Ainsi, la manifestation observable de la personnalité parle de ce à quoi ressemble la personnalité pour l’observateur. Le fonctionnement du Moi parle de comment marche le Moi, que ce fonctionnement se voie ou non. Le statut de la personnalité parle d’une réalité conceptuelle essentielle ou relative à une question ou à un tiers, et n’a rien à voir avec la manifestation, ni avec le fonctionnement interne. Enfin, la fonction de la personnalité parle de l’objectif vers lequel est orienté le fonctionnement, ou encore de la manière dont la personnalité permet la satisfaction de certains besoins.
Pour montrer comment ces discours n’ont rien de commun, je vais quitter un instant les considérations sur le Moi, pour vous parler de … ma montre :
Tout cela pour démontrer que mélanger ou confondre en un même modèle des considérations relevant de ces quatre dimensions si différentes, c’est associer et mélanger des discours et des points de vue qui n’ont rien à faire ensemble. Le modèle des Etats du Moi fonctionnels est un modèle patchwork qui réunit de manière désorganisée et indistincte des aspects de statut, d’apparence, de fonctionnement et de fonction en un outil qui en perd grandement sa crédibilité et dont on pourrait attendre une piètre efficacité.
? Et pourtant, ce modèle fonctionne ! m’interromprait Salomon Nasielski (AAT 108) et bien d’autres avec lui.