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bonjour fouzia,
exc use-moi pour le délai de ma réponse, j'avais perdu le code pour entrer dans mon blog. (
Par tricycle, le 13.04.2015
bonjour christian,
je veux déjà te dire que je suis impressionnée par ton ... blog? site? as-tu déjà propo
Par Mireille Binet, le 01.03.2015
bonjour à chacun de vous,
merci pour le partage.
ou trouve t'on ces articles svp?
Par Fouzia, le 14.10.2014
bonsoir christian
je profite d'une nuit sans trop de sommeil pour donner une première impulsion à une possibl
Par Anonyme, le 18.05.2014
dommage que la mise à jour ne soit pas récente, pour faire un commentaire
Par tanays, le 19.01.2014
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Date de création : 06.02.2010
Dernière mise à jour :
23.03.2017
58 articles
article écrit par Christian Loehlé ; www.christianloehle.ch
« A Maara, les nôtres faisaient bouillir des Païens adultes dans les marmites, ils fixaient les enfants sur des broches et les dévoraient grillés. »
Raoul de Caen, chroniqueur franc ayant participé aux croisades en Terre Sainte, 1098.
« Les nôtres ne répugnaient pas à manger non seulement les Turcs et les Sarrasins tués, mais aussi les chiens ! »
Albert d’Aix, chroniqueur franc ayant participé aux croisades en Terre Sainte, 1098.
Ces deux citations, lues au détour d’une page de l’ouvrage d’Amin Maalouf sur les croisades, m’émurent passablement. L’horreur de ce qui fut fait, mais aussi la déshumanisation de la pensée des témoins, m’avaient ébranlé.
* * *
Cette horreur m’envoya alors vers d’autres horreurs.
Ainsi me revinrent les récits de mes clients en consultation pour migrants. Cette femme, par exemple, violée par un militaire serbe, tenue par deux autres, et forcée à soutenir le regard de son abuseur. Ou encore, cet autre soldat, voyant une mère sur le point de s’enfuir, son enfant dans les bras, et qui vise de son arme la tête de l’enfant plutôt que le dos de la mère, pour exterminer plus surement l’ethnie ennemie. Des formes de cruauté qu’il est même difficile d’imaginer pour l’intervenant.
De fil en aiguille, mon esprit vagabonda jusqu’à ce militaire français qui, dans un reportage sur la guerre d’Algérie, racontait l’insoutenable de sa propre violence, quand, à cours de munition, il avait tué son adversaire à coups de pierre jusqu’à ce que le crâne de sa victime éclate.
De plus loin encore dans ma mémoire me revint ensuite le texte du Malleus Maleficarum, ce traité d’inquisition du XVème siècle qui enseignait le moyen de confondre une sorcière ; et notamment cette méthode qui consistait à enfoncer une aiguille dans chaque centimètre carré du corps de la pauvre inculpée, sans omettre les parties les plus intimes et éhontées, à la recherche de quelque zone indolore, "tache invisible" scellant sur le corps de l’hérétique le pacte avec le démon.
* * *
Bref, l’horreur humaine n’a pas d’âge, pas de continent, pas de langue. Elle peut être froide et intellectualisée, fougueuse et passionnée, hargneuse et furieuse, démente, patriotique, ou encore amoureuse.
Et alors que mon esprit suit le fil de cet accablement humain en mon cœur, me vient la question de savoir comment l’analyste transactionnel peut penser cette horreur.
En lieu de consultation pour migrants, j’utilisais surtout un modèle psychanalytique. Or, je me rends compte qu’il a ceci de commode qu’il peut maintenir l’intervenant à distance. La psychanalyse est pour cela allégorique, symbolique, conceptualisante. Annihilation, déni, attaque à l’identité culturelle, et autres élaborations mentales sont bien utiles pour mettre du sens à la violence subie. Elle permet même de la classifier, de la catégoriser, d’y reconnaître une logique, un principe humain, au-delà de l’impensable, de l’extrémisme, de la bizarrerie, de l’anormalité, de l’ « originalité » de l’acte.
Mais l’analyse transactionnelle a pris le parti de remplacer la métaphore par le réel. Elle ne parle plus de ça et de Surmoi, mais de personnalité à tel âge, et de personnes « dont le numéro se trouve dans l’annuaire téléphonique ». Elle ne parle pas de « profanation », de « meurtre symbolique », d’agressivité dont la sublimation fait faute ; elle parle de transaction, de comportement.
Sous quel nom de mon annuaire téléphonique se trouve le cannibale ? Sous quel autre nom le préposé à la rédaction d’un manuel de torture d’Etat ? Sous quel autre encore le violeur sadique qui ne jouit que de l’effroi qu’il lit dans les yeux de sa victime ?
Et comment dessiner la transaction muette de ce croisé faisant griller au-dessus du feu le corps nu d’un gosse turc ? « De où à où », sur un schéma des Etats du Moi, tracer la flèche de la transaction d’un viseur pointé sur la tête d’un enfant, la transaction de la main qui tient la pierre fracassant un crâne, ou la transaction de la danse macabre d’une aiguille sur une peau ensanglantée ?
* * *
Je trouve que le modèle des Etats du Moi est puissant à penser le traumatisme en tant que blessure, et son inscription psychique. Je sais l’utiliser, également, pour conceptualiser la manière dont la personne traumatisée peut agir depuis un endroit Persécuteur (c’est le cas de le dire !) et devenir elle-même monstrueuse. Mais l’acte violent, monstrueux, me semble encore difficile à penser en termes d’Etats du Moi.
Quelque inquiétante étrangeté me rend confus, lorsque je regarde tour à tour ce barbare en furie dont on me fait le récit, et les trois ronds empilés de mon schéma mental, avec le défit de reconnaître dans l’un de ces cercles ou dans leur interaction le monstre que cette peinture apocalyptique me donne à voir.
* * *
Et, là, à chaud, les yeux à peine levés de ces propos de chroniqueurs francs, je me dis que, peut-être, le sadisme à son extrême et la folie furieuse sont malaisés à penser dans un modèle concrétisant et personnifiant.
* * *
Cette réflexion n’ira pas plus loin. Elle aura vraisemblablement une suite, bien sur, dans mon cœur et dans ma tête. Elle est sans doute maladroite, partiale autant que partielle, et embrumée de la confusion de ma révolte. Mais cette réflexion ne sera peut-être pas poursuivie dans ce blog. Car elle n’est qu’un questionnement « à chaud » d’un humain pris à parti dans l’horreur humaine.
... Un questionnement auquel le lecteur pourra répondre, s’il s’en sent l’envie.
Un questionnement qui, à défaut, restera comme un hommage à tous ceux qui sont mort de l’absurdité humaine ;
Un questionnement qui honore la volonté de l’analyse transactionnelle de penser concrètement, en même temps qu’elle me rappelle au devoir d’être en lien avec le client, le nez levé de mes schémas et de mes modèles du psychisme.
Si la violence est une déshumanisation de la victime, alors peut-être la meilleure thérapie est-elle celle de l’intervenant qui reste en lien, accepte de penser même quand cela est douloureux, et accepte de pleurer quand la pensée ne sert plus à rien. Au-delà des modèles, et avec l’Autre.
Dieu que cela est facile à dire !
En lisant tes lignes, je pense à cet homme que j’ai accompagné et qui avait commis des actes barbares quand il était commando. Il avait agi avec une représentation du monde qui se réduisait à « nous sommes les bons et pour sauver le monde, il faut absolument tuer tous ces gens en face qui sont méchants par essence. C’est ce que je dois et sais faire, j’ai été choisi et entraîné pour ça ». Il ne ressentait plus (effet de l’entraînement de commando sur un terrain déjà prompt à dissocier). Il est venu me voir parce qu’il venait d’avoir une petite fille et qu’il souffrait beaucoup de ne pas ressentir d’émotions.
Je me souviens de mon propre émoi à la lecture de ces mêmes lignes d’Amin Maalouf il y a peu. Une question n’a cessé de se poser à moi depuis : qu’est-ce qui fait qu’un être humain parvient à éviter ces comportements violents et cruels, qu’est-ce qui chez moi vient contenir la cruauté et la violence ? Si je pense comme toi en termes d’états du moi, alors je dirais l’Adulte Intégré : celui de la raison, de la morale apprise (tu ne tueras point, ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais point qu’on te fasse), de la conscience d’être un humain, comme l’est cet autre-là à côté de moi, de l'empathie du Pathos, et de l’éthique de l'Ethos. C'est-à-dire ce qui dans l’humain fait progressivement émerger chez le petit enfant la souffrance de la culpabilité puis la douleur de la responsabilité de l’Adulte en permanente construction. Si un homme est incapable d'exprimer la moindre empathie à l'égard d'un autre qui implore sa merci, c'est que l'humanité n'a pas construit (ou a détruit) en lui, cette faculté. C’est qu’à ce moment-là son humanité défaille, et laisse place à la toute-puissance d’une agressivité, qui n’est plus ni humaine, ni animale et qui n’en paraît plus que monstrueuse.
A ce que je sache ( mon ton est courroucé, car je sais tout cela depuis longtemps et ce en tant que simple quidam qui a eu le malheur d'être né très curieux, trop curieux, impardonnablement curieux.) J'appartiens à cette sous-race dégénérée que Victor Hugo appelait : multitude grisaille... ( étant d'origine populaire, à l'époque, la vexation fut totale et terrible, mais, c'est le prix à payer d'une prise de conscience. Il n'avait pas vraiment tort...) C'est à coups de douleurs inexplicables, de douleurs autant psychologique que physique ( deux opérations de la colonne vertébrale + une paralysie ) que je vais néanmoins réussir tant bien que mal à survivre. Mais ma peine, mon désarroi, d'appartenir aux hommes, ne cessera d'intensifier une souffrance dont en rien je ne fus coupable. Messieurs et Mesdames je suis né quasi en forêt, c'est mon monde à moi, un sauvageon d'origine slave perdu dans une immensité végétale sans fin ( cette forêt est très grande ) sera mon école de vie. Un monde naïf, innocent, sauvage, que vous les soit disant humains n'avez eu de cesse de piétiner, de lapider, d'horrorifier ma vie en infligeant à mon regard vos effroyables forfaits à jamais impardonnables. N'avais-je pas le droit de vivre dans un monde sain, limpide, et aussi vierge où toute violence criminogène était absente, inconnue? Il se trouve que je suis exceptionnellement habile de mes mains. A l'age de 14 ans, j'entrais en usine comme apprenti en mécanique industrielle. La guerre de 40 avait laissée des traces. Un jour, vint l'idée chez mes compagnons de fabriquer des armes à feu. C'était plus un sport ( ce n'est pas simple de réparer ou d'inventer des arme à feu. Alors même qu'on n'y connait rien et qu'on évalue mal les risques encourus : se blesser au cour d'essais de tir incertains par exemple. A l'époque, la loi on s'en foutait, d'ailleurs à ce sujet je n'ai toujours qu'une seule loi : la mienne! Il y aurait beaucoup dire sur le sujet mais ce n'est pas le lieu ni le sujet. J'ai donc fabriqué plusieurs révolvers à un coup avec l'inventivité follement rustique de ceux que ne savent pas mais qui se risquent à essayer de faire. Puis, un jour d'ennui pas comme les autres, j'ai eu l'idée, entre autre tirs, d'aller me cacher au bord d'une marre de belle taille que je fréquentais souvent pour "chasser"? Passées plusieurs heures d'attente silencieuse, un pigeon se pose à portée pour boire. J'ai visé soigneusement et tiré... A l'instant même de la détonation celle-ci déclencha un sentiment de culpabilité si meurtrière et si violent en moi que depuis lors tout idée de meurtre me quittera définitivement. Le pigeon fut sauf, je l'ai manqué, pour un bon tireur... Vous allez "rire", plus d'un demi siècle plus tard il faut observer mon manège qui consiste à remettre "lâchement" ( la honte d'être si sensible ) à l'insu de tous, une fourmi dans l'herbe voisine qui s'était égarée sur mon veston alors que j'étais en voiture. Pourquoi avez vous laissés agir ces sous animaux d'une férocité effroyable et sans égale dans le règne animal pour, de surcroit, les revêtir du nom au combien pompeux et désastreux : d'êtres humains??? Pourquoi? Au nom de quelle lâcheté impardonnable avez vous commis une telle ignominie? Pourquoi avoir prostitué notre espèce à pérenniser une telle horreur. Ne fallait-il pas, au contraire, opérer d'urgence un distinguo certes "raciste" mais nécessaire sans l'ombre d'un doute. Car, "moi," cette petite chose sans importance en quel nom vous vous êtes permis de m'infliger une horreur pareille? De pourrir à vie mon patrimoine cérébral en lui infligeant une pathologie inconnue dans les manuels de l'innocence. Pour cela, pour votre incapacité totale à faire concorder vos appellations fallacieuses issues d'un vocabulaire pour crétins et votre ivresse à exister coûte que coûte, si j'avais le pouvoir je vous aurais tous puni de la peine de mort! Savez-vous qu'a l'heure actuelle, ce jour d'octobre 2011, on démembre encore des hommes des femmes et des enfants sur notre planète? Et moi tout seul, si horriblement seul et infortuné, que puis-je faire? Hein? J'achète une Kalachnikov et après? Bref, c'était le coup de gueule d'un homme auquel vous avez gâchés la vie. A l'inverse, il est vrai, vous m'avez enrichi car ce petit mot est écrit grâce à mon certificat d'étude obtenu, jadis, en un temps qu'aujourd'hui on qualifierait de canonique! Raymond Alexandre et pas très heureux de vous connaître. Soyez tous maudits! Sachez que j'aime toujours autant l'être humain, mais une fois mort!!! Et encore, au nom de son paradis mercantile il réussi à nous pourrir l'esprit bien des années après sa mort.
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