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Date de création : 06.02.2010
Dernière mise à jour : 23.03.2017
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Regards croisés : Fairbairn et Berne (2ème partie)

[2ème partie]

 

 

Le modèle de Berne à la lumière de celui de Fairbairn :

 

 

 

a) Rappel sur le modèle bernien de la structure psychique :

 

Berne a défini la structure psychique de la personne adulte de la manière suivante. Pour lui, l’appareil psychique se résume au Moi, dès lors qu’on parle de structures et qu’on abandonne les allégories psychanalytiques proposées par Freud.

 

Pour Berne, il n’y a dans la structure psychique adulte que du Moi. Mais en y regardant de plus près, on découvre que ce Moi est composé de deux types de structures. D’une part, le Moi comprend des structures innées, restées évolutives ou fixées (Etats du Moi Adulte et Enfant). D’autre part, ce Moi bernien comprend des structures faites de pensées, sentiments et comportements « empruntées » à des figures parentales, dont l’origine est extérieure à la psyché originelle (structure « extéropsychique », Parent). Même si Berne s’économise lui aussi la question de savoir si le processus qui les construit est de l’introjection, de l’incorporation ou un autre mécanisme encore, il est clair dans ses écrits que ces structures sont issues des partenaires relationnels de l’enfant, et qu’elles résultent d’internalisation de certains aspects de ces partenaires. En réalité, quand Berne définit le Parent, il désigne comme structure du Moi ce qui sont des objets internes, au sens de la psychanalyse.

 

En d’autres termes, pour Berne, le Moi regroupe un Moi évolutif (A), un Moi constitué d’un ensemble de fixations (E), et un ensemble d’objets internes (P).

 

Là où Fairbairn parle d’une « structure endopsychique » faite d’instance moïques et d’objets internes, Berne parle d’un « Moi » fait d’Etats du Moi dont certains sont issus d’un Moi originel et d’autres sont internalisées. Au-delà de la nomenclature divergente, la similitude entre les deux modèles est flagrante, tous deux décrivent la structure psychique comme comprenant un composite d’éléments issus du Moi originel et d’éléments internalisés des relations d’objet. Et on voit au passage que les deux auteurs ont mis de côté les concepts de Surmoi et de Ca.

 

Toujours est-il qu’il y a là un trait de comparaison important entre les modèles de Berne et de Fairbairn, puisque

 

 

(Notons que Berne n’explique pas pourquoi il décide de considérer appartenir au Moi des structures dont l’origine n’est pas endopsychique (Parent). C’est d’autant plus étonnant quand on sait que Berne développe sa théorie après les œuvres de Klein et de Fairbairn, qui ont proposé un modèle séparant instances moïques et objets internes.

 

Mon hypothèse, à ce propos, est que Berne n’a pas tout de suite reconnu le Parent comme une structure extéropsychique. Alors qu’il s’occupait de répertorier les manifestations du Moi (les étatsdu Moi), il en est venu à postuler trois structures psychiques distinctes responsables des trois patterns caractéristiques de fonctionnement et de manifestation du Moi. A ce stade, il n’avait alors sans doute pas de raison de postuler que l’une de ces structures était d’origine externe au Moi. J’imagine qu’il a alors logiquement postulé que ces trois structures psychiques définissant le fonctionnement du Moi étaient trois structures « du Moi ». Plus tard, lorsqu’il a compris que l’un des « états » du Moi était emprunté, et qu’il était régi par une structure copiant la personnalité d’autrui (Parent), il n’a pas reconsidéré son concept alors déjà affirmé d’un Moi composé de trois structures nommées « Etats du Moi ».)

 

 

b) L’Etat du Moi Enfant chez Berne :

 

Regardons maintenant l’Etat du Moi Enfant tel que décrit par Berne.

 

Dans son livre de 1961, Berne décrit l’Enfant comme un ensemble de vestiges du Moi à des stades archaïques. Il décrit ces vestiges comme issus du refoulement de toute une part de l’Etat du Moi qui se rapporte à un traumatisme et qui en porte la mémoire (1961, p.17 et 34).

 

Là encore, on voit la similitude étonnante avec les structures décrites par Fairbairn en termes de parts du Moi originel clivées et réprimées parce qu’investissant un objet archaïque jugé intolérable.

 

(On remarquera au passage une différence cependant. Berne décrit l’Enfant comme un ensemble d’Etats du Moi intégraux de niveaux d’âge antérieurs (1961, p. 34). Faribairn quant à lui décrit diverses instances du Moi portant chacune une partie (et non un stade) du Moi originel.)

 

En fait, on ne voit l’importance de cette similitude au niveau des modèles et du statut de l’Enfant en AT que si l’on revient à Berne avant les descriptions du développement du Moi selon les Schiff (Cathexis reader, repris par Shea Schiff, Symbiose et développement de la personnalité,dans les AAT).

 

Relisons cet exemple clinique de Berne sur la formation de l’Etat du Moi Enfant :

« Un jour, [le client encore enfant] s’enhardit assez pour faire une tentative [de séduction] avec sa mère pendant qu’elle s’essuyait au sortir du bain. […] L’horreur [de la mère] fut si grande que le petit garçon resta cloué sur place : Cet état du moi fortement chargé resta fixé dans sa totalité et se scinda du reste de la personnalité. En ce sens, ce moment épique marqua la naissance de son Enfant. » (1961:55).

 

On y trouve une idée incroyable pour le transactionnaliste d’aujourd’hui : Pour Berne, la personne ne vient pas au monde avec un Etat du Moi Enfant ! Cette structure est absente du psychisme de la personne durant les premières années, et jusqu’au jour du premier traumatisme – que Berne place tard – et qui vient précipiter le Moi en une version qui restera figée en ce qu’on nommera chez l’adulte « l’Etat du Moi Enfant ».

 

Berne n’a presque rien écrit sur le développement du Moi. Il se contentait souvent de décrire ce qu’il observait chez ses patients, tous adultes. Mais dans ces quelques propos relevés ci-dessus, on voit se dessiner une conception dans laquelle la personne naît avec un Moi unique. Ce n’est qu’après-coup que ce Moi vient se scinder en éléments fixés et en un Moi évolutif, d’une part, et s’adjoindre d’éléments empruntés aux figures parentales, d’autre part.

 

Hors, cette vision est similaire à celle de Fairbairn. Pour Fairbairn, l’individu naît avec un Moi originel unique. Ce Moi ne se scinde en un Moi central intégré et en Mois secondaires réprimés qu’avec les traumatismes relationnels précoces. 

 

 

 

c) Les diverses structures Parent :

 

Une troisième similitude concerne les distinctions entre les structures Parent décrites par Berne et les distinctions entre objets internes décrits par Fairbairn.

 

Rappelons-nous le concept de Berne représentable par l’image des poupées russes : L’Enfant est une structure comprenant l’intégralité du Moi tel qu’il était à un âge intérieur. Et si on va disséquer cet Enfant (E2), on y trouvera un Parent (P1), un Adulte (A1) et un Enfant (E1). Et si l’on zoome sur ce E1, on verra qu’il contient la personnalité entière de la personne à un âge encore plus archaïque que celui de la fixation du E2. Et ainsi de suite, selon Berne.

 

(Par exemple : « … lors d’une analyse détaillée, on découvre que l’ « Enfant » consiste en un Parent archaïque, un Adulte archaïque et un Enfant encore plus archaïque. Au moment où l’ « Enfant » a été fixé traumatiquement, il formait déjà une personnalité complète qui comprenait ces trois éléments. » (1961 : page 200))

 

Il en résulte que, dans cette conceptualisation, le E2 contient des objets internes archaïques (le P1), et le P2 représente des objets internalisés plus tardivement. On relèvera également que l’AT considère les objets internes archaïques comme « grandioses », fantastiques (l’ogre, la sorcière), alors que les objets internes plus tardifs du P2 sont plus réalistes.

 

Cette description se compare de manière intéressante avec la distinction que fait Fairbairn entre des objets internes archaïques de la structure schizoïde – persécuteurs ou envoutants – et des objets qui sont internalisés ultérieurement dans le mouvement de la défense morale.

 

 

d) Après Berne, la dynamique entre le P1 et le P2 :

 

Pour l’analyse transactionnelle, le P1 est une structure née d’expériences douloureuses et frustrantes de la relation aux figures parentales. Dans les faits, cette structure comprend des messages répressifs. Ce qu’on a appelé « injonctions » auraient pu être appelés « interdictions », et d’ailleurs Kahler et Capers les nomment « Stoppers » : « Ne sens pas, ne fais pas, ne sois pas, n’exprime pas, etc. ». On y entend clairement l’aspect répressif. D’ailleurs, il me semble que ce P1 est considéré en AT comme le principal responsable des limitations de la personne à sa spontanéité (notamment dans la relation), autrement dit à la répression de son élan au contact relationnel (contact au sens gestaltiste et non contact physique).

 

Cette description du P1 ressemble étonnamment à ce que Fairbairn décrit comme le complexe précoce Moi agressif-objet persécuteur, complexe qui est à la fois maintenu scindé du Moi central (comme le P1 l’est de l’A2) et à la fois utilisé pour réprimer les élans libidinaux du Moi envers un objet séduisant.

 

Cette lecture au regard de Fairbairn permet d’entrevoir une fonction spécifique du P1 : celle de protéger la personne d’une retraumatisation qui, si le client se laissait aller au contact – permissions – pourraient se brûler les ailes face à un partenaire relationnel blessant.

 

Quant au P2, un avis assez consensuel de l’analyse transactionnelle le décrit comme étant de construction plus tardive que le P1. (Et c’est la position de Berne dans son modèle en Poupées russes). De plus, on lui prête la fonction de contrer les injonctionspar des messages qui viennent offrir une option apparemment libératrice face au discours du P1. Plus précisément, l’injonction stipule que la personne n’est pas OK ou que son besoin n’est pas OK, puis la contre-injonction vient remplacer ce décret définitif par un décret conditionnel qui permet à la personne d’être conditionnellement OK. Dans cette vision, le P2 est décrit comme ayant une fonction défensiveenvers le P1.

 

(Je crois que c’est Kahler et Capers qui amènent ce matériel théorique, dans leur présentation du miniscénario. Ce serait à vérifier.)

 

Ici encore, la similitude avec Fairbairn est étonnante ! Rappelons-nous la description de Fairbairn d’un complexe agressif réprimant les élans pulsionnels de l’enfant envers l’objet ; rappelons-nous également sa description d’un mouvement plus tardif, de défense contre cette situation interne intenable, et qui consiste à internaliser des objets plus gratifiants dans une fonction réparatrice et défensive contre la persécution interne. Cette description dynamique est entièrement applicable à la dynamique entre le P1 et le P2 de l’analyse transactionnelle.

 

Et ce parallèle permet de penser la dynamique entre Adulte (A1 et A2), P1 et P2 de la manière suivante : La personne cherche le contact relationnel, mais à cette occasion, il lui arrive de se brûler les doigts. Elle construit/internalise alors un P1 dont la fonction est de réprimer ses élans jugés trop « ardants ». Mais cette structure défensive d’oppression interne – d’agression ou d’attaque interne, dirait Fairbairn – devient elle-même intolérable. La personne opère alors dans un deuxième temps une seconde manœuvre défensive, dans l’introjection d’un P2 dont la fonction est le protéger le Moi fragile contre les attaques trop virulentes du P1.

 

Intéressant, non ? Si on va jusqu’au bout du parallèle, cela nous amènerait à penser que l’Adulte est en charge d’internaliser des objets dans un mouvement de défense : d’abord contre une partie du Moi qu’il vient de fixer-scinder (A1 internalisant P1 pour réprimer E1) puis ultérieurement contre ses propres défenses devenue trop opprimantes (A2 internalisant P2 pour compenser P1).

 

 

e) En résumé : Deux modèles de la structure psychique fondés sur les dynamiques relationnelles, et sur des fonctions défensives au service de la préservation d’un Moi intégré fonctionnel :

 

Cette relecture de Berne à la lumière de Fairbairn montre que les similitudes dépassent largement les détails conceptuels pour aboutir vraiment à une similitude dans la conception de l’appareil psychique, dans sa fonction relationnelle et dans la fonction de sa scission au fil du développement.

 

Plus spécifiquement, Berne et Fairbairn postulent une structure psychique unique à la naissance de l’être humain. Fairbairn la nomme Moi,et Berne la nommerait sans doute Adulte puisque rien d’une structure Enfant n’existe avant le premier traumatisme.

 

(Le terme d’ « Adulte » est ici absurde. Mais A1 et A0 le sont aussi, dans l’AT classique. Et si Berne avait travaillé avec des moufflets de 3 ans, il n’aurait pas nommé « Adulte » ce qui était leur système psychique adapté à l’ici-et-maintenant. Mais comme il a travaillé avec des adultes, puis construit sa théorie « à rebours », cela a donné cette aberration.)

 

Pour Berne et pour Fairbairn, cette structure première, intégrée et unique, est en charge du maintien à la fois de son intégrité et de la relation à l’objet externe.

 

C’est en raison de cette double mission, et au gré des traumatismes affectifs de l’enfant dans sa relation à autrui, que cette structure psychique première en vient à se scinder (clivage du Moi) afin de réprimer des parties du Moi porteuses de l’expérience traumatique et de l’investissement à l’objet traumatique. C’est ainsi que Fairbairn décrit la naissance d’un Moi central amoindri réprimant des Mois auxiliaires dont la relation à l’objet est menaçante pour l’intégrité psychique. Berne, de son côté, traduit ce mécanisme en décrivant comment le Moi jusqu’alors intégré et évolutif se défait d’une part traumatique – il se« scinde » (1961 : p.55) – pour donner lieu à un kyste psychique, fixé et non évolutif, que Berne reconnaîtra comme anachronique chez l’adulte et qu’il nommera « Enfant ».

 

En parallèle à cet acte de réclusion du Moi envers certaine de ses parties, Fairbairn décrit un autre processus (qui d’ailleurs lui précède dans les étapes de ce complexe mécanisme). Ce processus est l’internalisation de l’objet, dans le but – dit Fairbairn – de mieux contrôler le conflit relationnel (initialement social et qui devient psychique), et de rétablir l’illusion que l’interlocuteur relationnel (l’objet externe) est bon et satisfaisant.

 

Berne, de son côté, ne semble pas décrire pourquoi (ou pour le dire autrement, avec quelle fonction) la psyché internalise les figures parentales. Là encore, Berne reste beaucoup dans une description de ce qu’il observe chez ses clients. Alors que Fairbairn nous offre des hypothèses passionnantes, nous n’avons plus la pensée de Berne pour y réagir. Quel dommage !

 

 

f) Quelques touches de nuance à ces propos :

 

Tout cela, présenté ainsi, semble tenir merveilleusement bien debout. Cela dit, Berne n’est pas toujours aussi clair que ce que j’en présente ici. Plus précisément, on peut dire qu’il est toujours clair dans les mots qu’il écrit, mais que ses positions varient et que ses points de vue s’alternent au fil des chapitres et même au fil des paragraphes de ses écrits. Ainsi, la description que je fais du modèle des Etats du Moi de Berne est absolument rigoureuse (s’il vous plait !), en même temps qu’elle coexiste avec d’autres descriptions relevant de modélisations différentes, et parfois inconciliables avec ce que je dis.

 

Et je crois que, quand nous lisons Berne, il nous faut admettre que c’était un inventeur, un précurseur, dont les insights fusaient certainement, et qui laissait fleurir ses idées dans un jardin à l’anglaise plutôt qu’à la française. Je pense même que Berne, en tant que précurseur-inventeur, n’avait pas le recul nécessaire pour voir que son jardin était à l’anglaise et que certaines fleurs n’allaient pas ensemble. (A vrai dire, il nous est bien facile de décortiquer sa pensée et d’aller y repérer quelque incohérence, avec 50 ans de recul !)

 

En conséquences, j’ai appris à considérer à priori que tout ce que l’analyse transactionnelle produit de possiblement contradictoire et incohérent tout en le prétendant « de Berne » est effectivement de Berne. Parce que dans le jardin à l’anglaise des écrits de Berne, on trouvera certainement le prototype, l’allusion ou l’invitation à bien des modèles qui sont aujourd’hui en usage, et dont on se demande parfois comment ils ont pu tomber du même arbre.

 

Alors je vous invite à considérer mes présents propos comme étant à la fois « du Berne pur et dur » (traçabilité garantie), et à la fois une facette parmi beaucoup d’autresde sa pensée.

 

Si je présente cet aspect de sa pensée, c’est parce qu’il me paraît puissant, lumineux et fécond. (… Amen). Ou pour le dire plus simplement, parce que cet aspect me plait.

 

 

 

***

 

En conclusion, on peut dire que Berne et Fairbairn ont souvent eu des intuitions très similaires. La comparaison entre leur théories respectives offre des éléments de compréhension passionnante !

 

Pourtant, Berne et Fairbairn ont développés chacun leur théorie sur la base d’un cadre de référence différent. Par ailleurs, on sait que Fairbairn est resté discret et a été peu diffusé de son vivant. Ceci est une maigre explication pour comprendre un grand mystère : pourquoi Berne n’a pas plus fait référence à son confrère ?

 

On peut même penser que Berne n’a malheureusement pas lu une seule ligne de Fairbairn avant les dernières années de sa vie. Sinon, au vu des liens montrés ci-dessus, et de sa curiosité, il aurait certainement réagi avec enthousiasme.

 

Ce n’est que dans des notes écrites à la fin de sa vie et reprises dans la publication de son ouvrage posthume que Berne se réfère à Fairbairn (Berne, 1972). Voilà ce qu’il écrit alors :

 

 

« On reconnaîtra aisément que la bonne fée et la méchante sorcière, introjections fonctionnant à la manière d’électrodes et provenant d’observations introspectives et de transactions, s’apparentent aux bons et mauvais objets postulés par Mélanie Klein dans une optique psychanalytique, et repris en détail par Fairbairn. De fait, Fairbairn est l’une des meilleures passerelles heuristiques entre analyse transactionnelle et psychanalyse. »

 

Berne (1972, note de bas de page, p.119 dans la traduction française de 1972).

 

 

 

Et la note est importante car elle dénote un changement de position sur plusieurs points, par rapport à ses écrits précédents :

  • Le choix d’utiliser le terme d’ « introjection » pour nommer ce qu’il a toujours décrit comme un matériel « emprunté » sans nommer le processus en oeuvre ;
  • le choix de rapprocher des structures Parent aux objets internes psychanalytiques ;
  • Enfin, l’expression d’un intérêt pour ce qu’a pu écrire avant lui un certain Monsieur W. Ronald D. Fairbairn.

 

 

Ah, Monsieur Berne, je trouve que vous êtes mort trop tôt !

 

C’est donc en commémoration de votre note de bas de page d’un livre posthume que je prends le risque d’être accusé d’hérésie, en présentant sur un blog d’analyse transactionnelle un résumé de l’œuvre de Fairbairn.

 

Et si cela m’amenait à une correspondance épistolaire avec Monsieur Claude Steiner, ce serait magnifique !!!

 

 

 

Pour en savoir plus :

  • Berne, Analyse transactionnelle et psychothérapie, 1961. La base pour comprendre mon propos.
  • Fairbairn : Etudes psychanalytiques de la personnalité. Ed. du Monde Interne, 1998. Et notamment, pour une présentation de la structure endopsychique, l’article de 1944 : La structure endopsychique en fonction des relations d’objet, in (Fairbairn, 1998). 
  • Fairbairn : Structure endopsychique et relations d’objet. Ed. du Monde Interne, 1999. Et notamment, pour ceux qui ne veulent pas lire tout Fairbairn (il paraît qu’il y en a !), on pourra lire le résumé de ses positions, écrit par lui, nommé Une théorie de la personnalité basée sur les relations d’objet. 1963 (in Fairbairn, 1999).
  • Dans les écrits de R. Erskine, on voit des éléments théoriques très inspirés de Fairbairn. Par exemple dans son concept du Parent auto-généré dans Erskine R. (2003) : Introjection, psychic presence and Parent ego states : considerations for psychotherapy. In C. Sills & H. Hargaden (éds) : Ego states. Série « Key concepts in transactional analysis ; contemporary views ».  Londres, Worth Publishing.
  • Roman';" lang="FR-CH">H. Fowlie a écrit un article dans les AAT qui fait un rapprochement clair et intéressant entre l’AT, Fairbairn et Erskine : (2005) Confusion et introjection : les structures défensives des Etats du Moi Parent et Enfant.Roman';">AAT no 118, avril 2006

 

 

 

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